Un mois après la rentrée scolaire, les élèves risquent de rester chez eux. Et pour cause, le Cadre unitaire des syndicats du moyen secondaire (CUSEMS) et le Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMSS) ont décrété aujourd’hui « Ecole morte » sur toute l’étendue du territoire. Selon l’analyste Mamadou Sy Albert, c’est toujours le spectre des perturbations scolaires et universitaires.
En effet, ce sont deux crises qui se superposent et couvent dans les secteurs de l’éducation et l’enseignement supérieur. Les causes immédiates des deux crises sont fort différentes. A en croire l’analyste, dans le premier cas, il s’agit de faire respecter les accords signés par le gouvernement. Dans le second, les enseignants et les étudiants exigent l’ouverture des Universités publiques, le démarrage des cours en présentiel et l’accès aux services des œuvres universitaires. « En dépit des causes différentes des deux crises se dessinant à l’horizon, elles ont commun, la menace de perturbations scolaires et universitaires.
Le Saes observe une grève de 48 heures. Pendant ce temps, les syndicats des enseignants de l’éducation se préparent à aller en grève dès la fin prochaine de leur préavis de grève. Face aux menaces des perturbations de l’école sénégalaise, le Ministre de l’Éducation a sorti un communiqué incendiaire annonçant sa fermeté et sa volonté d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Les sanctions pécuniaires feront partie du lot des punitions et des sanctions », fait-il savoir.
Dans sa note, il estime que le Ministre de l’Enseignement supérieur n’entend guère faire plier les Rectorats ébranlés par une pression pédagogique et sociale de la communauté des Universités Sénégalaises. Sur ce, le climat social tendu rappelle étrangement celui de la présidentielle de 2012. « A cette époque, il a fallu à l’actuel Président de la République, Macky Sall, candidat au second tour négocier avec les syndicats. La pause syndicale permit ainsi la tenue du second tour de la présidentielle qui lui portera bonheur. Paradoxalement, le gouvernement ne semble pas privilégier dans un contexte électoral quasi identique à celui de 2012, le chemin de l’apaisement et de la négociation avec les syndicats des enseignants et les leaders des Amicales.
Le choix de durcir la tonalité du discours gouvernemental pourrait faire basculer les secteurs éducatifs et de l’Enseignement supérieur dans le cycle classique des perturbations scolaires et universitaires. » A ce rythme, c’est le spectre qui plane au ciel. Il rappelle que les crises actuelles pourraient évidemment avoir des impacts significatifs sur l’organisation et l’issue de la présidentielle de 2024 et que la majorité présidentielle n’aura point d’excuses si elle crée artificiellement des perturbations qu’elle peut et doit impérativement éviter à tout prix. « Les pouvoirs socialistes et libéraux se sont heurtés dans le passé aux grèves cycliques. On connaît la suite politique et électorale. La perte du pouvoir entretient des liens étroits insondables avec les remous sociaux, en général, et singulièrement, avec les grèves à l’école et à l’université », a-t-il mis en garde.
MOMAR CISSE