La boutique du droit de Ziguinchor (sud) a recensé 220 cas de violences basées sur le genre (VBG) entre mars 2022 et mars 2023, a révélé, mercredi, sa coordonnatrice régionale, Ndeye Astou Goudiaby.
« De mars 2022 à mars 2023, nous avons enregistré 220 cas de violences physiques, psychologiques, sexuelles, et économiques », a déclaré Ndeye Astou Goudiaby, en marge d’un atelier de partage axé sur la situation des VBG dans la ville de Ziguinchor.
Cette rencontre est organisée par la section ziguinchoise du Conseil sénégalais des femmes (COSEF), dans le cadre du projet « Voix et leadership des femmes ». Ce projet est mis en œuvre par le Centre d’études et de coopération internationale (CECI), avec l’appui financier du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Ces 220 cas de VBG concernent notamment « deux cas d’abandon de domicile conjugal, six cas pour les autres violences sexuelles et quatre cas dus à la contribution aux charge du ménage », a détaillé Ndeye Astou Goudiaby. Il y a également 13 cas de coups et blessures, 19 cas de défaut d’entretien, 142 cas ayant suscité des divorces, trois cas d’injures, trois cas d’intimidation, trois cas de mariage forcé, deux cas de menaces et 12 cas de viols. « Pour les cas de viols, l’âge des victimes varie entre 0 et 5 ans, 11 à 20, 21 à 30 ans et 60 à 70 ans. (…) », a fait savoir Mme Goudiaby. Elle précise que les violences basées sur le genre dans la région de Ziguinchor concernent surtout des enfants, des filles et des personnes en situation de handicap. « Une fille âgée de quatre ans a été violemment abusée sexuellement à Kafountine.
Et l’auteur est toujours introuvable », a déploré Ndeye Astou Goudiaby. Elle a ainsi plaidé pour une plateforme régionale pour, dit-elle, pouvoir capitaliser les données sur les cas de violences basées sur le genre à Ziguinchor. « Nous avons tellement reçu de cas d’inceste à Ziguinchor. Il y a énormément de cas de viols. Récemment, nous avons reçu un cas où un jeune garçon, conducteur de vélo taxi, a violé (…) trois jeunes filles. Il y a beaucoup de cas de viols et de violences conjugales à Ziguinchor «, a déploré la présidente des »badianou gox » (marraines de quartier) de Ziguinchor, Fatou Cissé. Elle a également fait état de cas de violences économiques dans la région.
« À Kafountine, nous avons trois jeunes filles âgées de sept ans qui ont été violées «, a encore déploré Mme Cissé, appelant les populations à dénoncer pour freiner ces abus. « Il faut impliquer les élèves dans la lutte contre les violences sexuelles pour espérer éliminer définitivement ce phénomène à Ziguinchor. Nos jeunes filles sont aujourd’hui détournées par les réseaux sociaux.
À l’école, elles ont des langages extraordinaires », a exhorté la représentante de l’inspection d’académie de Ziguinchor, Séga Diouf Fall. Elle estime qu’il faut « les sensibiliser » et renforcer leurs capacités. « Nous devons aller vers les écoles pour mettre fin à ce fléau », a-t-elle insisté.
À Ziguinchor, la boutique du droit propose plusieurs offres de service, à travers des consultations juridiques gratuites sur le droit de la famille, l’état civil, le mariage, la succession, le travail et la sécurité sociale. « Nous proposons aussi des offres sur le droit foncier », a ajouté Ndeye Astou Goudiaby. « Nous aidons aussi les femmes et les enfants dans la rédaction de plaintes quand ils subissent des violences ou font l’objet de viol. Nous allons même jusqu’à commettre des avocats pour les victimes », a ajouté la coordonnatrice de la boutique du droit de Ziguinchor.
Les boutiques du droit ont été mises en place au Sénégal par l’Association des juristes sénégalaises (AJS), en collaboration avec l’Alliance nationale des communautés pour la santé, pour lutter contre toutes formes de violences.