Les habitants de Léona Niassène à Kaolack sont sous le feu des projecteurs depuis qu’ils ont exhumé puis incinéré le corps d’un présumé homosexuel. Le défunt, C.F, dont le corps a été d’abord refusé à Touba, a été inhumé en secret dans le cimetière local avant d’être retrouvé et brûlé par des jeunes du quartier. Face à cette situation, l’islamologue Imam Makhtar Kanté a éclairci la position de la charia sur de tels actes.
Selon l’Imam, l’exhumation est strictement encadrée par la charia et ne peut être ordonnée que par un juge en droit islamique ou le procureur de la République dans des situations spécifiques. « Dans la sunna , la deuxième source de la législation islamique, l’homosexualité est assimilée à l’adultère. C’est un crime appelé hadd et est généralement sanctionné par la peine de mort, dans les cas les plus graves, ou le fouet », explique l’historien Gerardo Ferrara, l’un des principaux experts européens du Moyen-Orient et de l’islam, à BBC Mundo.
Cette décision est prise uniquement si le juge estime avoir besoin d’informations supplémentaires qui nécessitent l’exhumation. Toutefois, cette procédure est rare et doit toujours respecter la dignité du défunt et de sa famille.
Dans le contexte de Kaolack, la charia ne permet pas à des individus non qualifiés d’exhumer des corps. Cela pourrait ouvrir la voie à des actes similaires, entraînant un chaos moral. Par ailleurs, la charia interdit formellement de brûler un corps humain. Les corps doivent être traités avec respect, lavés puis enterrés.
Enfin, si jamais le juge en droit islamique ordonne l’incinération d’un corps, cela serait pour des raisons exceptionnelles, comme une menace pour la santé publique. La prise de décision par un groupe d’individus, sans autorité légale, mène à une loi de la jungle, créant un désordre.
Imam Kanté conclut en soulignant la gravité des actions menées par ces jeunes à Kaolack, qui vont à l’encontre des principes de la charia et du respect de la dignité humaine.