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Amath SOUMARE :  «Il faut une cohérence dans la démarche politique pour une incidence économique»

Amath Soumaré est expert en intelligence économique. Vice- président du Mouvement des entreprises du Sénégal (Meds) il a passé à la loupe l’actualité politique, social et l’environnement économique. Pour l’économiste, l’instabilité d’un pays a des incidences économiques. Il estime que notre pays, avec la présidentielle en vue, a du pain sur la planche.

 

Qu’est ce qui explique la cherté des factures d’électricité ?

 C’est normal car nous ne produisons pas du pétrole, nous l’importons. Depuis la crise russo-ukrainienne, ce qu’il faut savoir c’est que le pays importe du pétrole de la Russie au Nigéria. Ce pays en a et donc pas de raison d’en exporter. Ils ont créé une raffinerie dernière génération au Nigeria. L’énergie était subventionnée et la banque Mondiale et le Fmi ont mis un véto. Le problème c’est de trouver des alternatives car on retire des subventions. L’énergie, l’électricité tout augmente. C’est un mouvement mondial c’est une inflation mondiale qui fait que tout augmente. 

C’est mondial certes mais il y’avait le loyer. Dakar est chère. L’état ne peut-il pas jouer sur les taxes et amortir les coûts ?

Il faut comprendre que l’Etat est comme un particulier ; il ne dépenser ce qu’il n’a pas gagné. On est dans un pays où l’assiette de l’impôt est restreinte, 80% des entreprises sont dans l’informel et des commerçants qui n’ont pas de retenue à la source. L’économie est informelle avec trop de cash. C’est un problème car si l’argent et le cash sont liquides cela ne passe pas dans les circuits. Même si c’est thésaurisé on ne peut pas l’évaluer. Ce n’est qu’avec les taxes qu’on peut équilibrer les choses. Quand on paie beaucoup de taxes, les entreprises ne sont pas compétitives et quand on baisse on a des problèmes de budget ! C’est un dilemme, surtout en tant de crise.

Face à cet endettement quelles sont les répercussions au plan économique ?

Il faut diminuer le rythme de vie. C’est le cas avec l’Etat qui de montrer aux bailleurs sa bonne volonté et que ces derniers lui donnent de l’argent. On doit diminuer le train de vie de l’Etat. On a 39 ministres ; c’est énorme. Mais il faut diminuer ces dépenses dans un premier temps et voir d’autres axes dont 171.000 fonctionnaires qui coutent chers. Pour la dette, il faut couper ce qui n’est pas nécessaire dont la pléthore de personnel, de dépenses inutiles. C’est le cas avec la Poste. Dans les bureaux, on note une surpopulation et ce que la Poste récolte comme recettes ne peut pas payer le personnel et depuis des années c’est l’état qui paie. 

Parlons du ministre de l’Économie et du budget qui nous promet un taux de croissance de 10% en 2024. Est-ce un rêve ?

 Pas du tout ! Le problème ce sont les prévisions et c’est normal et il faut comprendre comme les prévisions car la réalité économique est autre. La pandémie et la guerre russo ukrainienne est là. Il y a le Pap2A pour ajuster et le Pap3 aussi ; les recettes du gaz et du pétrole font que le niveau des exportations va augmenter en termes de liquidité. Donc c’est à partir de là qu’il faut penser mais sans oublier les facteurs exogènes aussi. 

Dans le sillage de l’économie, il y a la viabilité de notre secteur privé ?

 Le problème c’est que ce sont les facteurs endogènes. Quand vous travaillez ici, les gens qui viennent de l’extérieur, ces gens-là quand ça se passe à Paris ou ailleurs, ils paient tout de suite. Mais quand c’est sur place vous êtes payés dans les mois surtout pour ceux qui travaillent avec l’Etat. Ces facteurs sont énormes et donc d’autres ne peuvent pas tenir. L’Etat prend son temps et il existe des problèmes de trésorerie. Alors d’autres travaillent pour la banque avec des taux d’intérêts et des retards de paiement ; les entreprises sont tenues à la gorge. Elles ne peuvent pas être compétitives avec des tarifs chers. Cela se répercute chez les consommateurs. Sur le pain le Sénégal ne produit pas de blé. La guerre nous coûte cher avec les embargos qui posent problème. Le boulanger a des couts élevé de factures dont le blé, l’électricité etc. Le pain est délicat car avec la révolution française c’est le pain qui est à la base de même que le printemps arabe avec le blé. 

L’affaire Ousmane Sonko, la Dge traîne le pied. Comment analysez-vous cette situation ?

 Il faut respecter les décisions de justice, même si cela ne vous convient pas. Il  y a une décision juridique, la Dge n’a pas le droit de contester, mais exécute les décisions de justice. Elle peut faire des recours mais il faut que la loi soit respectée. 

Selon la décision de Tribunal vous pensez que Sonko sera candidat ?

 Nous sommes dans un pays avec des lois et des juridictions. C’est au Conseil constitutionnel de valider une candidature ou de la rejeter. Si on fausse les règles dès le départ toutes les personnes risquent de mal interpréter et dans une démocratie ce n’est pas bien. Il faut une équité avec les gens et si le Conseil constitutionnel décide que tel ne doit pas passer, il ne peut y avoir des effets néfastes mais qu’on le laisse décider. Si Sonko passe c’est bon si tel ne sera pas le cas ils vont motiver leurs décisions. Ce qui est mauvais dans une loi c’est  l’interprétation.

Il existe des grèves de la faim, des arrestations, mais pourraient-elles limiter le ralentissement des activités économiques ?

 Il faut un respect des juridictions comme dans le milieu carcéral et dans le respect de la loi. Ce sont des paramètres de la  bonne gouvernance. Il peut y avoir des répercussions dans la démocratie dans le bon fonctionnement  du tout. On doit énormément pour la politique de faire attention par rapport aux actes sur les orientations  économiques. Il faut faire attention. N’importe qu’elle  politique aura ces effets néfastes et il va falloir  doubler des efforts pour ne pas augmenter et revenir à la normale. Une économie c’est la  confiance. Et pour cela nous avons besoin d’institutions fortes.

 On a vu depuis les événements de mars que l’Etat a confiné l’opposition. Le Pm lui se meut dans des inaugurations. Cela ne crée-t-il pas des inégalités !

Cela crée de l’instabilité. Ces frustrations vont se traduire par des grèves. On est tous des patriotes et des gens qui ont un haut sens du civisme et capables de développer le pays. Même ceux qui ne sont pas dans les partis il s’agit de faire en sorte que ce pays émerge et au plan mondial. Mais si des faits ralentissent ces facteurs, il faut le dire. Partout ailleurs c’est l’intérêt national et de tout le monde. Chaque citoyen quand on voit des travers il faut le dire et en tant que  société civile, il faut dire que c’est instable et des manifestations et des grèves. Donc ce que nous devons faire c’est que tous les candidats aillent librement aux élections et que le meilleur gagne.

 300 personne ont retiré leurs fiches de parraines, faudrait-il corser les choses ?

Si à la base les conditions ne sont pas définies cela devient de la zizanie. Il faut des taux de parrains certes mais si on prend  1 million de parrains, alors qu’on a juste besoin de 500 milles,  c’est dommage. Alors il existe le problème des  doublons. Il existe aussi des gens qui sont là et cela pose problème. Il faut des limites à ne pas dépasser. Quand on atteint un quota on peut avoir un délai mais si vous êtes sélectionné bien sûr !

Amadou Ba en tournée économique, mais a-t-il besoin de la tutelle de Macky ?

 Chacun est libre d’avoir sa stratégie. Il peut réunir mais avec un parrainage de Macky. Les autres  ont leurs stratégies. Chacun est sur son cheval et ce qui compte c’est la ligne d’arrivée. Le Pm a une idée et s’il se fait parrainer part Macky cela lui donne une couverture. Des gens diront le contraire aussi et tout dépend du coté où on est. Les autres ont des arguments contraires et des slogans pour dire que ce sont des dépenses qui s’élèvent à des milliards tout est çà l’arrêt. Il y a un côté qui est très risqué.

 Il y a la demande sociale aussi et on peut le sanctionner aussi ?

C’est un problème car s’il pense être gagnant il existe des revers. Il faut  penser aux mauvais côtés car les prix augmentent, la vie est devenue chère. Ce qui se passe au Fmi les gens ne le voient pas. Ce qui les intéresse c’est ce qui se trouve dans leur assiette et c’est ce qui les concerne. Est-ce qu’ils peuvent  manger avec les 1000 Fcfa en poche, voilà le problème. La stabilité de ce pays il ne faut pas s’opposer en tant que politique mais un citoyen pour qu’on puisse gagner en stabilité économique et politique pour qu’en 2024 tout soit meilleur. Les faits endogènes aussi car si on scie sur la branche sur laquelle on est assis on sera par terre. Ce pays appartient à tout le monde. Que les élections se passent mais dans la transparence et dans l’équité. C’est mieux pour les investisseurs. Il faut le comprendre comme ça et créer des emplois pour les jeunes mais ne pas être dans des systèmes de calculs dupes et biaisés. Cela va apporter des problèmes. 300 mille jeunes qui sortent  seuls peu ont un emploi. Il nous faut des entreprises compétitives. Il faut entamer la réflexion qui est globale. Il faut réfléchir.


Momar Cissé

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