Me Sidiki Kaba, le nouveau Ministre de l’Intérieur, en charge donc des élections a voulu rassurer les sénégalais sur le fait que l’élection présidentielle à venir sera transparente. Pour ce faire, il a, lors de la cérémonie de passation de service avec Félix Antoine-Diom, transmis le message de Macky lequel transcende sa personne même.
En réalité, il a voulu dire à tout le monde que le Président de la République tient à la transparence du scrutin et a donné des instructions fermes à ce propos. Ce message s’adresse bien sûr aux sceptiques mais surtout à l’opposition qui émet souvent des réserves quand une personnalité partisane est chargée d’organisation l’élection.
Et en l’espèce, ce qui en rajoute à la confusion, c’est que ce cadre de l’Alliance pour la République (Apr), parti au pouvoir, n’a été nommé qu’à quatre mois du scrutin. Qui plus est, non seulement la doléance de l’opposition consistant à nommer une personnalité indépendante n’a pas été respectée, mais le nouveau Ministre est encore plus partisan que celui qu’il a remplacé qui est un magistrat détaché dont l’appartenance politique partisane est peu certaine.
Mais, le message de Sidiki a été on ne peut plus clair. Il a voulu dire à tous que l’on ne peut pas être plus royaliste que le roi et si que c’est Macky lui-même qui insiste, avec des instructions claires, pour que le scrutin soit transparent, il en sera ainsi. Car, en vieux briscard de la politique, le Ministre sait que sa parole sur sa sincérité et son honnêteté risquent de ne pas convaincre ses adversaires. Alors, il convoque les instructions du Chef de l’Etat.
Sauf que cela ne va rien changer. Les acteurs pourraient, d’ailleurs, être plus sceptiques. Car, la transparence d’un scrutin devrait couler de source dans une démocratie digne de ce nom. On ne peut imaginer dans un quelconque pays développé où le Président de la République est obligé de donner des assurances sur la fiabilité du fichier électoral et sur la transparence du scrutin. Bien sûr, cela peut s’expliquer par les suspicions exprimées par les uns et les autres. Mais les élections législatives et locales ont déjà démontré, à suffisance, la fiabilité du processus.
Toutefois, comme la confiance n’exclut pas le contrôle, la méfiance devrait davantage pousser les acteurs politiques à être vigilants et à être présents là où il faut pour ne pas prêter le flanc. Il nous semble, en effet, que depuis quelques mois, on entend de moins en moins la Commission électorale nationale autonome (Cena).
Pourtant, cette structure est censée superviser l’organisation des élections en amont et en aval. C’est pourquoi, nous estimons qu’elle doit davantage communiquer notamment sur les processus en cours notamment de parrainage et de validation de candidature.
Si la Cena est trop aphone, les acteurs politiques eux-mêmes ne peuvent pas arriver à dissiper toutes les suspicions. Et c’est justement pour cette raison que la présence d’un arbitre neutre est toujours importante tout au long du processus. La preuve, ni Sidiki Kaba ni Macky ne vont convaincre les acteurs. Leurs propos pourraient d’ailleurs être interprétés comme une façon de chercher à tromper leur vigilance.
Assane Samb