Plus d’une semaine après l’attaque surprise du Hamas contre Israël, un million de personnes ont été déplacées dans le bande de Gaza en raison des frappes aériennes israéliennes de représailles et la perspective d’une offensive terrestre israélienne. « On estime qu’un million de personnes ont été déplacées au cours des sept premiers jours », a déclaré dimanche l’Agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, sur son compte X.
Des déplacements massifs du nord vers le sud de la bande de Gaza se poursuivent depuis vendredi matin, après qu’Israël a ordonné aux habitants d’évacuer les zones avant des opérations militaires. Avant cet ordre, plus de 400.000 Palestiniens avaient été déplacés en raison des hostilités, a précisé le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Lors d’une conférence de presse dimanche au quartier-général de l’UNRWA à Jérusalem, le Commissaire général de l’agence onusienne, Philippe Lazzarini, a lancé un cri d’alarme sur la situation à Gaza. « Une rivière de gens continue de couler vers le sud. Aucun endroit n’est sûr à Gaza… Gaza manque d’eau et d’électricité », a-t-il dit. « En fait, Gaza est étranglée et il semble que le monde ait perdu son humanité ».
Selon le chef de l’UNRWA, « le siège de Gaza, tel qu’il est imposé, n’est rien d’autre qu’une punition collective ». Il a demandé que ce siège soit levé et qu’un couloir humanitaire soit créé afin que les agences humanitaires puissent acheminer, dès maintenant, en toute sécurité, des fournitures essentielles telles que du carburant, de l’eau, de la nourriture et des médicaments. Il a appelé aussi à une suspension, sans délai, des hostilités pour des raisons humanitaires.
« Le spectre de la mort plane sur Gaza. Sans eau, sans électricité, sans nourriture et sans médicaments, des milliers de personnes mourront », a écrit dimanche le chef de l’humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, sur son compte X.
Appel du Secrétaire général de l’ONU
Dans un point de vue publié vendredi dans le quotidien américain The New York Times, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a plaidé pour qu’Israël réexamine son ordre d’évacuation. « L’ordre donné jeudi soir par les Forces de défense israéliennes aux Palestiniens de Gaza d’évacuer leurs maisons dans les 24 heures était dangereux et profondément troublant. Toute demande d’évacuation massive dans un délai extrêmement court pourrait avoir des conséquences humanitaires dévastatrices », a écrit le chef de l’ONU. « En tant que Secrétaire général des Nations Unies, j’appelle les autorités israéliennes à reconsidérer leur décision ».
Dans une déclaration à la presse publiée dimanche en fin de journée à New York, le Secrétaire général a lancé « deux appels humanitaires forts ». Il a demandé au Hamas de libérer les otages « immédiatement » et « sans conditions » et il a demandé à Israël de permettre l’acheminement « rapide et sans entrave » de l’aide humanitaire » à Gaza. Selon lui , ces deux objectifs « ne devraient pas devenir une monnaie d’échange ».
Dans un entretien accordé à ONU Info, Lynn Hastings, la Coordinatrice humanitaire des Nations Unies pour le Territoire palestinien occupé, a souligné qu’il fallait « acheminer immédiatement de l’aide humanitaire à Gaza ». Elle s’est inquiétée des déclarations de dirigeants israéliens disant qu’ils voulaient détruire le Hamas, alors que « leur trajectoire actuelle va détruire Gaza ». Elle a dit que ce qui l’effrayait le plus, c’était « la perte de notre humanité si la communauté internationale permet que cela continue ». « Ce à quoi nous assistons actuellement est tout simplement inhumain », a-t-elle estimé.
Condamnation de l’ordre d’évacuer des hôpitaux
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a condamné fermement samedi « les ordres répétés d’Israël d’évacuer 22 hôpitaux traitant plus de 2.000 patients hospitalisés dans le nord de Gaza ». Selon l’OMS, l’évacuation forcée des patients et des agents de santé ne fera qu’aggraver la catastrophe humanitaire et de santé publique actuelle.
« La vie de nombreux patients fragiles et gravement malades est en jeu : ceux qui sont en soins intensifs ou qui dépendent d’un système de réanimation ; les patients hémodialysés ; les nouveau-nés dans des incubateurs; les femmes souffrant de complications de grossesse, et d’autres, risquent toutes une détérioration imminente de leur état, voire la mort, si elles sont contraintes de déménager et sont privées de soins médicaux vitaux lors de leur évacuation », a affirmé l’OMS dans un communiqué de presse.
L’agence onusienne a noté que les établissements de santé du nord de Gaza continuent de recevoir un afflux de patients blessés et ont du mal à fonctionner au-delà de leur capacité maximale. Certains patients sont soignés dans les couloirs et à l’extérieur dans les rues environnantes, faute de lits d’hôpitaux.
« Forcer plus de 2.000 patients à déménager dans le sud de Gaza, où les établissements de santé fonctionnent déjà à pleine capacité et sont incapables d’absorber une augmentation spectaculaire du nombre de patients, pourrait équivaloir à une condamnation à mort », a affirmé l’OMS.