Le réseau national de lutte contre l’alcool (RESECA) a tenu un atelier de renforcement de capacités des journalistes. Il a été noté une addiction des jeunes à l’alcool et une forte consommation notée chez la gent féminine.
L’addiction des jeunes à l’alcool reste une problématique. Le Sénégal se classe à la 17é place africaine devant la Zambie et le Kenya. Selon Malick Salla du réseau national de lutte contre l’alcool (RESECA), notre pays est un grand consommateur d’alcool. « Connaissant les conséquences néfastes de l’alcool, nous nous sommes dit qu’il est temps d’agir.
La nouvelle cible reste les jeunes, notamment en milieu scolaire. La société civile ne peut agir qu’à travers la sensibilisation auprès des populations et un plaidoyer à l’endroit des autorités pour un changement de politique », dit-il. Et de poursuivre: «Pour le moment, il ya juste un traité communautaire de l’Uemoa et nous avons transposé cela pour essayer de réglementer la consommation. Car il faut noter que l’alcool bien étant une drogue, reste légale. Ce n’est pas illégal comme le cannabis ou autre.
L’alcool est autorisé mais il faut essayer de réglementer parce que sa surconsommation risque de gêner et d’apporter des troubles neurologiques ». Pour le coordonnateur du centre de sensibilisation et d’information sur les drogues (Csid/Jacques Chirac), Cheikh Diop, l’addiction est une pathologie et une dépendance vis-à-vis d’un produit. «Mais, il y a aussi l’addiction comportementale. Lorsqu’on parle d’addiction vis-à-vis du produit, c’est essentiellement la dépendance par rapport à la drogue et à l’alcool et quelque part au tabac », explique-t-il. Il indique que leur centre est communautaire et intervient dans la prévention, la prise en charge psycho-sociale et dans l’accompagnement des personnes qui consomment des drogues de façon générale. « Il n’y a pas de service médicalisé mais nous offrons un service d’accueil, d’écoute et d’orientation des personnes qui sont en traitement. Chaque semaine, au moins nous recevons 8 à 10 personnes.
Dans le mois c’est plus de 50 personnes que nous recevons », renseigne-t-il. Il indique que le phénomène de la drogue se pose partout. « Il y’a beaucoup de facteurs qui concourent à la consommation des drogues surtout auprès des jeunes. Il s’agit de la disponibilité du produit parce qu’il y a un accès relativement facile par rapport à certains produits que l’on peut retrouver facilement dans le marché. Il y’a aussi de façon générale, l’environnement sociale, économique et familiale qui caractérise notre pays et qui constitue un facteur qui pousse les jeunes vers la consommation des drogues d’où la nécessité, de renforcer les actions de prévention parce que l’enjeu est de faire en sorte que les jeunes ne touchent pas à la drogue parce que dès l’instant où on tombe dans la consommation, cela devient beaucoup plus problématique », dit-il. Cheikh Diop d’ajouter que le cannabis est la drogue la plus consommée dans le monde à part l’alcool. «Concernant la tranche d’âge, c’est entre 17 et 35 ans que nous recevons le plus au centre. Exceptionnellement, nous avons des gens très âgés qui ont plus de 60 ans mais pour la plupart sont confrontés à des problèmes d’alcool et on y voit aussi des filles », renseigne-t-il.
Et de marteler: « L’année dernière, nous avons reçu 3 filles». Ce responsable du centre Jacques Chirac souligne que depuis quelques années, l’on observe la féminisation de la consommation des drogues. « Il y’a une progression de la consommation dans la gent féminine surtout avec l’avènement de la chicha où on a constaté un grand pas. Si vous allez dans les restaurants de luxe, il y’a beaucoup de jeunes filles qui consomment la chicha mais aussi avec les mouvements observés de certaines femmes d’affaires qui sont entre deux avions et certaines même sont impliquées dans le trafic », apprend-on. Il soutient qu’on ne peut pas éradiquer la consommation de drogue encore moins de l’alcool. « L’essentiel pour nous, est de travailler pour réduire les impacts et conséquences négatives de la consommation », conclut-il.
NGOYA NDIAYE