Les combats se sont intensifiés lundi dans l’est de la République démocratique du Congo, où l’armée se redéploie dans des zones d’où elle avait été chassée en début d’année, selon des sources locales concordantes.
Après six mois de calme précaire entrecoupé d’attaques, des combats ont repris début octobre entre des groupes armés locaux et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans les territoires de Masisi et Rutshuru de la province du Nord-Kivu.
Au moins 20 civils ont été tués et plus de 30 autres blessés depuis le 1er octobre et la « résurgence de violents affrontements entre groupes armés », indique lundi la coordination humanitaire des Nations unies (OCHA) en RDC. Toujours selon OCHA, « plus de 84 700 personnes ont été contraintes de fuir leurs domiciles » et l’accès humanitaire « reste gravement restreint » en raison de « l’intensification des combats ».
Les affrontements se déroulent dans des zones où plusieurs milliers de soldats d’une force d’Afrique de l’est (EAC-RF), déployés en début d’année, sont censés assurer une zone tampon entre les belligérants. Notamment à Kitshanga, cité stratégique située à une cinquantaine de km au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, et d’où l’armée avait été chassée en janvier par le M23. La ville est passée la semaine dernière des mains de l’EAC-RF aux milices locales, puis au M23 qui l’a reprise samedi sans combattre.
Joints par l’AFP lundi, des habitants et une source militaire sur place ont indiqué que les rebelles avaient quitté la ville et que les groupes armés et « des centaines de FARDC (Forces armées de la RDC) » étaient entrés dans Kitshanga. « Ce soir, des combats ont repris après l’arrivée des FARDC », a expliqué par téléphone un habitant.
A New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a indiqué que les Casques bleus de la mission des Nations unies en RDC (MONUSCO) « renforcent leur présence à Kitshanga » pour « protéger les civils pris dans les combats entre le M23 et d’autres groupes armés ».
En raison de ces combats, « 2 000 personnes ont trouvé refuge dans la base de la mission de l’ONU à Kitshanga et 18 000 hommes, femmes et enfants se sont mis à l’abri juste à l’extérieur de la base », a-t-il ajouté. Plus au sud, à Kilolirwe (environ 40 km de Goma), qui était passée également sous le contrôle du M23 en fin de semaine, des habitants ont indiqué que les FARDC étaient arrivées dans la localité « à pied et avec deux jeeps » et avaient « apporté des rations aux wazalendo (nom populaire donné aux miliciens qui s’opposent au M23) ».
Selon des témoins, des combats étaient en cours lundi après-midi. Plus à l’est, près de Tongo, en bordure du parc des Virunga et à 50 km au nord de Goma, des habitants font état lundi de combats entre les miliciens et le M23. Certains ont mentionné que l’armée congolaise « tirait avec des mortiers pour appuyer les wazalendo ».
L’armée « respecte le cessez-le-feu », a déclaré le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, contacté par l’AFP. Une semaine avant la reprise des affrontements, les principaux groupes armés de la province avaient rencontré à Goma les autorités militaires et déclaré « être prêts à déposer les armes ».