La liste des candidats révèle l’ampleur des dégâts au sein de la majorité où malgré les nombreux appels à la raison et les menaces de Macky Sall, les prétendants à sa succession ont germé comme des champignons. Outre cette floraison de candidats (APR) aussi bien au sein de l’Apr que dans les autres partis, Amadou Ba devra gérer les frustrations des alliés restés « fidèles » qui risque de saper l’unité du collectif moins de quatre mois de la présidentielle.
Malgré les appels à la raison parfois suivis de menaces, seul Abdoulaye Daouda Diallo a finalement décidé de plier face au choix de Macky Sall. Et, comment d’ailleurs ?! L’ancien directeur de cabinet du président de la République aurait été travaillé au corps par son marabout. Sinon, Abdoulaye Daouda Diallo serait aujourd’hui, sur la liste des candidats ayant retiré leurs fiches de parrainage. Le cas échéant, la déception aurait été encore plus grande : « ADD avait la quasi-totalité des cadres de l’Apr avec lui », soufflait une source de Rewmi Quotidien. Suffisant pour que le président Macky Sall « concentre toute son énergie sur cet ami dont le départ aurait été catastrophique pour Bby ». Mais, même si l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a finalement décidé de se ranger derrière le candidat Amadou Ba, plus d’une dizaine de candidatures, nées des flancs de l’Apr et des autres partis alliés de Benno, sapent déjà l’unité de la majorité.
Aly Ngouille Ndiaye, Boun Abdallah Dionne, Mame Boye Diao, Serigne Gueye Diop, Aminata Assome Diatta et Moustapha Diop, entre autres ont fini par franchir le Rubicon. Benno a également d’autres candidatures déclarées, à l’image de Jean Baptiste Diouf (Ps), Alioune Sarr (Afp), Cheikh Tidiane Gadio, Youssou Ndour ou encore, Souleymane Ndéné Ndiaye, dans une moindre mesure. Cette multitude de candidatures a fait sauter le doute sur la dégradation du collectif au sein de la majorité qui avait fait de l’unité, le principal défi à relever pour une victoire dès le premier tour du mois de février. « Nous sommes majoritaires dans ce pays ; si nous relevons le défi de l’unité, nous vaincrons dès le premier tour », disait
Macky Sall, quelques heures seulement après avoir dévoilé le nom du candidat de Bby. Mais, aujourd’hui, ce défi semble difficile à relever. A la pluralité de candidatures, s’ajoute le blues des autres alliés du parti présidentiel le Ps et l’Afp, notamment qui, malgré le « Pacte d’engagement » établi par le candidat Amadou Ba, cachent mal leurs frustrations devant « la boulimie » des partisans de Macky Sall, encore révélée par le choix des personnalités en charge de la coordination des opérations de parrainage. C’est dire que derrière cet optimisme à marche forcée, devant une opposition amputée de son principal animateur, Ousmane Sonko, dont le nom a été effacé des listes électorales, la majorité semble patiner.
Et, Macky Sall qui voyait en Amadou Ba, moins un « simple candidat » qu’un président qui continuerait son œuvre, devra aller au-delà d’un simple service après-vente auprès des chefs religieux et autres grands électeurs, pour faire passer son poulain. Il a peu de temps pour restaurer la confiance et l’unité de Bby qui, de plus en plus, épousent les contours d’un boulet si lourdement traîné.
Elhadji Mansor Ndiaye