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INTERVIEW AVEC BM JAAYA l’écoute du rap qui ne dérape point

Outre le nom original, votre invité people est un personnage lesté d’idées novatrices dans son domaine d’activité. Artiste de paroles, pour lui, le texte importe plus que le bruit, le sens plus que le son. C’est dire que l’écouter ne doit pas être une expectative auditive mais une participation active au sens musicalisé. Pour ne pas trahir ses secrets, lisez-le. Sans modération…

BM JAAY, UN NOM ASSEZ ORIGINAL…. FAITES NOUS LA TRADUCTION ET L’EXPLICATION

BM Jaay est le diminutif de Ben Marouane Junior. Tout petit, je me faisais déjà appeler Ben, et un cousin, lui, me surnommait Marouane (faisant référence à un acteur de la série télévisée américaine 24H Chrono). En 2010, sur le réseau social facebook, j’avais ouvert un compte à ce nom et quand j’ai décidé de me lancer dans le rap,

j’ai préféré conserver cette appellation. Ça s’est fait de façon très naturelle !

VOUS ETES ISSU D’UNE FAMILLE DE FERUS DE MUSIQUE. ÉTAIT-CE UNE EVIDENCE ?

Disons que oui ! J’avais des oncles dj du côté maternelle, qui organisaient souvent des concerts et j’ai grandi dans cet univers. Pour le coup, ça m’a facilité beaucoup de choses. Et je crois aussi que c’est de là que tout est parti, mes oncles m’ont en quelque sorte influencé.
A L’ECOUTE DE VOS SONS, IL SEMBLE QUE VOUS N’ETES JAMAIS A COURT D’IDEES CONCERNANT LES TEXTES. QUELLES SONT VOS SOURCES D’INSPIRATIONS ?

En tant qu’artiste, il est important de savoir parler à son public, aux gens qui écoutent votre musique. C’est la logique ! Je m’inspire de tout ce qui m’entoure, de mon quotidien, du vécu des gens également. Tous ces faits réunis font qu’on n’est jamais à court d’idées. Je puise en tout.

QU’EST CE QUI FAIT LA PARTICULARITE DU RAP DE BM JAAY ?

L’honnêteté très brutale que l’on retrouve dans mes textes ! Je fais en sorte de rester à 100% moi-même dans mes dires, mes agissements et cela se reflète dans mes textes. Je ne fais pas dans la demi-mesure. Quand je suis énervé, je ne le suis pas à moitié et je suis très cru quand il s’agit de dire mes vérités.

VOTRE ACTUALITE RECENTE A ETE MARQUEE PAR LA SORTIE DE VOTRE ALBUM INTITULE THE DEATH OF MAROUANE. PARLEZ NOUS DE L’ALBUM

The death of Marouane est un album très personnel, c’est deux années de dur labeur et d’ailleurs, je dois avouer que je n’avais jamais été aussi concentré pour un produit. Et au final, le travail a porté ses fruits, l’album à été bien accueilli. Dans The death of Marouane, j’ai essayé de relater au maximum le vécu des jeunes de ma génération. Ils ont bien été servis en tout cas.

VOUS PARLEZ DE LA DEPRESSION DANS L’UN DE VOS TITRES. POURQUOI CETTE QUESTION VOUS SEMBLE-T-ELLE SI IMPORTANTE ? DU VECU ?

C’est une question qu’on a tendance à minimiser dans notre terroir. Nous vivons dans une société où les gens pensent qu’être dépressif c’est un luxe. C’est une réalité que l’on devrait vraiment prendre au sérieux car elle existe vraiment. Ils sont nombreux ceux qui la vivent et qui n’en parlent pas forcément, au final, ça les rongent. Le déprimé est à la limite taxé de « yambar » (couard), mou, voire pas coriace du tout. La santé mentale au Sénégal est très négligée.

PARLONS DE PROMOTION, A QUAND LES CONCERTS ?

Pour très bientôt. A cause de la situation sociopolitique tendue à laquelle le pays a fait face dernièrement, nous avons dû changer nos plans. Mais ce sera dans un futur très proche, s’il plaît au bon Dieu.

QUID DE VOTRE RELATION AVEC DIP ?

C’est un frère (insiste-il), un frère pour nous tous d’ailleurs. Dip nous a ouvert beaucoup de portes, nous a fait connaître au grand public, mis devant les projecteurs. C’est la personne que j’appelle lorsque j’ai besoin de conseils ou encore d’une oreille attentive. Je l’admire beaucoup, c’est une référence.

UN MOT SUR LE NOUVEAU STYLE DE RAP QUI EST EN TRAIN DE SE DEVELOPPER AU SENEGAL (RAP-MBALAX) ?
Le rap-mbalakh ou encore «rambakh» (rire), c’est un style de musique qui est source de polémique en ce moment. Les avis divergent, il y en a qui aiment et d’autres non. Mais je suis de ceux qui pensent qu’en tant qu’artiste on est libre de faire le style de musique qui nous plait à partir du moment ou c’est nous qui le créons. Le public, pour sa part, est lui aussi libre d’écouter ce qu’il veut. Personne n’impose rien à personne ! Je ne me prends pas la tête pour ce genre de choses. Me concernant quand je voudrais faire ce style de musique, je le ferai sans pour autant qu’on me l’impose ou qu’on me l’interdise. Le mouvement sénégalais peut l’utiliser à bon escient à l’exemple du

Nigeria pour l’afrobeat qui les a fait percer au-delà de leurs frontières.

VOUS AVEZ UN LIEN FUSIONNEL AVEC LES LEBOUS, QUE COMPTEZ-VOUS FAIRE D’AUTRES POUR LA COMMUNAUTE ?

Faut savoir que la communauté lébou est très soudée, elle s’entraide beaucoup. J’ai eu à organiser pas mal d’événements dans le passé en faveur de ma communauté (remise de cadeaux à des élèves, ndogou, entre autres…). Et l’idée c’est d’atteindre le plus de terroirs possibles (ceux de Ouakam, Bargni, Ngor) afin de raffermir les liens.

DES PROJETS OUTRE LA MUSIQUE ?


Des projets sont en vue bien évidemment ! Mais pour l’heure, je reste concentré sur la musique, pour autant, j’aurai toujours le temps d’accomplir d’autres choses. Il est clair qu’il faudra tôt ou tard arrêter la musique et tout ce que j’amasserai sera investi ailleurs parce que je suis déjà entrepreneur.
ANNA THIAW

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