Le géant indien de l’agro-industrie implanté au Sénégal Senegindia est au cœur d’un scandale financier et foncier.
La société indienne et ses filiales ont bénéficié de faveurs foncières et immobilières qui soulèvent des interrogations. Une véritable bamboula tentaculaire. Accusé d’infractions douanières portant sur un montant de 34,43 milliards de Fcfa, Senegindia n’a pourtant fait l’objet d’aucune poursuite, contrairement à d’autres opérateurs sénégalais qui se retrouvent en prison pour des montants bien inférieurs, informe Libération ce mercredi 12 mars.
L’immeuble Brière de l’Isle, une proprité de l’Etat accordé illégalement à Seneginda
L’enquête menée par la Direction des enquêtes douanières (DED) entre 2019 et 2023 a révélé des irrégularités majeures. Senegindia aurait cédé illégalement du matériel sous sujétion douanière à des entreprises tierces. À en croire le journal, l’entreprise justifie ces opérations par une autorisation du ministère des Finances, dans le cadre d’une restructuration interne. Cependant, les autorités douanières ont rejeté ces explications, considérant que les infractions étaient bel et bien constituées.
Seneginda bénéficiaire de 40 ha et d’une extension de 18 ha à Diamniadio
Celles-ci (infractions) portent sur une valeur litigieuse de 13,36 milliards de Fcfa, avec des droits éludés évalués à 3,84 milliards de Fcfa. « Malgré ces faits accablants, aucune mesure coercitive n’a été prise contre Gorasia Hitesh, directeur général de Senegindia. La Douane avait pourtant annoncé son intention de porter plainte contre lui devant la justice. Aujourd’hui, le dossier semble avoir été enterré », révèle le journal.
Senegindia traine une dette de 1,5 milliard FCFA à la DGPU
Au-delà des soupçons de fraude douanière, Senegindia bénéficie d’importants privilèges fonciers et immobiliers. À Dakar, l’entreprise a acquis l’immeuble Brière de l’Isle, un bâtiment de 12 étages, qui a été rasé pour laisser place à un projet immobilier privé. Cette transaction, réalisée sous un bail emphytéotique de 99 ans, est jugée illégale par certains observateurs.
À Diamniadio, Senegindia a obtenu 40 hectares pour un projet immobilier, avant de se voir octroyer une extension de 18 hectares supplémentaires. Mais l’entreprise n’a toujours pas réglé la redevance due à la Délégation générale à la promotion des pôles urbains (DGPU), estimée à plus d’1,5 milliard de Fcfa.
À Mbane, sa filiale Swami Agri s’est vue attribuer 1 500 hectares de terres dans des conditions opaques, avant d’acheter 1 700 hectares supplémentaires à un ressortissant libanais. L’attribution la plus controversée concerne le Delta du Saloum, où Senegindia contrôle 120 000 hectares, sans oublier d’autres parcelles situées près du Port de Ndayane.
Senegindia a également obtenu des concessions minières dans des zones sensibles. En 2019, l’entreprise a été autorisée à exploiter une carrière privée de calcaire sur 20 hectares dans la forêt classée de Bandia, une zone normalement protégée. Depuis 2016, elle exploite aussi des silex stockés dans les périmètres des Industries chimiques du Sénégal (ICS) à Thiès (70 kilomètres de Dakar).