Âgé de 41 ans, Moussa Thiam s’est embourbé dans une affaire d’escroquerie, de faux et usage de faux dans un document administratif. Pour les besoins d’une mine de carrière à Mboro, le mis en cause aurait utilisé le Ninea et les états financiers 2017 de la société Général d’entreprise (GE) pour commander une machine de concassage d’une valeur de 500 millions FCFA, auprès de l’entreprise turque Fabo. Cependant, depuis que celle-ci a convoyé l’appareil à travers 16 conteneurs de 40 pieds, elle n’a reçu aucun sou. Sur ce, elle a saisi Exim bank turc qui s’était porté garant. A son tour, l’institution bancaire saisit le Directeur général de GE pour réclamer le paiement de la somme d’un million d’Euros. « Le Dg est tombé des nues lorsque la banque turque nous a envoyé un mail pour nous demander pourquoi nous n’avons pas payé. Après investigations, nous avons découvert que c’est Gensen qui a passé la commande », accuse le représentant de GE à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, vendredi dernier.
Toutefois, le prévenu qui a rencontré le Dg de Fabo lors d’une exposition à Dakar en 2019, a contesté avoir signé le contrat. Il a mouillé un certain Mor Kandji qui serait l’administrateur général de l’entreprise Gensen. « Ce dernier est au Maroc. Il a reçu le contrat via DHL. En tant que directeur de l’exploitation, j’ai discuté avec Erdal des aspects techniques de la machine », a-t-il avancé.
Les conseils des sociétés GE et Fabo ont réclamé respectivement 50 millions et 1,5 milliard FCFA, à titre de dommages et intérêts.
De l’avis de la représentante du Ministère public, les déclarations du prévenu ne sont que de simples moyens de défense. « Mor Kandji est introuvable et aucun de ses numéros ne fonctionne. La maison de transit dit avoir été mandatée par M. Thiam qui se dit intermédiaire. Mais, Fabo soutient avoir traité avec lui depuis le début », argumente la parquetière qui a requis un an d’emprisonnement ferme contre le prévenu.
La défense a plaidé la relaxe. Pour Me Bamba Cissé, on est au stade de l’embryon de l’infraction. « La preuve du faux n’est pas établie. Pour l’escroquerie, le contrat n’a pas été signé par le prévenu. Mieux, la machine n’est pas entrée dans son patrimoine, elle est au port. C’est une action civile », estime la robe noire.
Mes Ousseynou Gaye et Ciré Clédor Ly ont dénoncé l’enquête qui a conclu que Gensen est une société fictive. Lors de sa plaidoirie, Me Abdoulaye Tall a introduit une demande de mise en liberté provisoire. Après avoir rejeté sa requête, le juge a fixé son délibéré au 19 novembre prochain.